Alors que l'épreuve clôturant les années lycées se rapproche,
les polémiques s'enchaînent avec cette fois une mobilisation des étudiants et
des professeurs de français, soucieux de voir la langue de Molière être écartée
des examens. Retour sur les raisons de cette polémique et sur les mouvements de
protestation mis en place.
Examen passé par les jeunes Espagnols à la fin de leurs
années lycée, la selectividad est déterminante pour l'entrée à
l'université. Le ministère de l'Éducation a rendu sa décision concernant
l'épreuve de langue étrangère. Pour cette année, les étudiants ne pourront
passer qu'une seule épreuve de langue, concernant exclusivement la LV1 suivie
officiellement par les élèves. Dans la majorité des lycées, l'anglais est la
seule langue obligatoire et devient de fait, la langue dans laquelle se
déroulera l'examen. En ce sens, les autres langues vivantes étudiées, et
notamment le français, voient leur statut diminué entraînant le mécontentement
des professeurs comme des étudiants.
Les mobilisations
pour maintenir le français à l'examen
Face à cette annonce, professeurs comme
étudiants n'ont pas tardé à réagir. La Fédération Espagnole des
Associations des Professeurs de Français a ainsi adressé une requête au ministère
de l'Éducation afin que les autorités reviennent sur cette décision et que les
nouvelles modalités de l'examen final soient minimisées pour perturber le moins
possible les étudiants. Ils ont aussi dénoncé la diminution des libertés pour
les élèves qui avaient jusqu'à présent la possibilité de choisir entre
l'anglais, l'allemand, le français, l'italien et le portugais pour leur épreuve
de langue étrangère de la selectividad et regrettent que cette mesure
intervienne trop tard pour permettre aux étudiants de faire des choix en
conséquence. De même, ils soulignent le fait que cette décision pénalise les
élèves qui ont suivi un enseignement de français et qui voudraient valoriser
les acquis dans cette langue. Les étudiants eux-mêmes ont pris en charge la
contestation de cette décision, en utilisant notamment les réseaux sociaux afin
de diffuser à grande échelle leur revendication. Il était ainsi possible de
voir circuler jeudi 23 février sur Twitter le hashtag
#quieroexaminarmedefrances (#jeveuxpassermonexamendefrançais), le but était
d'en faire un hashtag de référence sur Twitter pour accéder à une visibilité
plus grande. D'autres part, les élèves ont souligné le manque de cohérence de
la part du ministère de l'Éducation qui d'un côté encourage le plurilinguisme
et de l'autre, restreint les possibilités d'examen.
La réforme de LOMCE, base du problème
Cette mesure prise par le ministère de l'Éducation fait partie
d'une réforme plus large de la selectividad qui devrait prendre le nom
d'évaluation du baccalauréat pour l'accès à l'université (EBAU). L'examen
reposera donc sur des matières obligatoires dites de tronc-commun: épreuve de
castillan et de littérature, celle concernant la première langue étrangère,
l'histoire de l'Espagne et la modalité obligatoire selon le parcours choisi
(Fondements de l'art pour la filière Art, mathématiques pour la filière
scientifique, latin pour la filière humanités et sciences sociales option
humanités et mathématiques appliquées aux sciences sociales pour la filière
humanité et sciences sociales option sciences sociales). Concernant la partie
optionnelle, les étudiants pourront désormais passer des examens dans des
matières non suivies au cours de l'année, autre nouveauté. C'est également la
pondération des épreuves qui changent, avec une revalorisation de la partie
optionnelle. En revanche, la note finale ne change pas: 40% provient de
l'examen en lui-même et 60% provient de la note moyenne du cursus du lycée, à
savoir le contrôle continu réalisé sur les deux dernières années scolaires.
C'est donc d'une réforme plus large de l'épreuve en elle-même que survient
cette polémique liée à la possibilité ou non de passer l'examen de français.
Le statut du français en Espagne
Si l'anglais reste la langue étrangère majoritairement choisie
par les élèves dans le secondaire (99,1%), il s'avère que le français est la
seconde langue étudiée en Espagne par 38,6% des étudiants. À ce titre, sur
l'année 2015-2016, on dénombre 1.258.522 apprenants de français en Espagne,
soit 12,95% des élèves avec des disparités selon les régions. Ainsi, le
français est choisi par 25% des élèves à Murcie, par 22% dans les Canaries ou
encore par 19,5% en Andalousie. À l'inverse, ils sont seulement 2,5% à choisir
la langue de Molière dans les Baléares et 6,5% en Catalogne. Des initiatives
ont été développées en Espagne pour la valorisation de l'apprentissage du
français notamment avec la création de sections bilingues francophones comptant
aujourd'hui 357 sections et scolarisant 38.038 élèves. De même, la mise en
place du programme de double certification de fin d'études secondaire, le
Bachibac, permet d'encourager l'étude du français en Espagne. À la rentrée
2015-2016, 82 sections existaient (dont plus de la moitié présentes en
Catalogne). On peut également mentionner la campagne menée en Andalousie
l'année dernière pour rendre obligatoire l'étude d'une deuxième langue
étrangère, le français, dans tous ses établissements scolaires. On s'aperçoit
donc que l'étude du français progresse, expliquant les protestations des
professeurs comme des étudiants contre l'impossibilité de passer l'examen de
cette langue.
Clémentine COUZI (www.lepetitjournal.com - Espagne) Lundi 27
février 2017
La mobilisation est en cours:
Federación
Española de Asociaciones de Profesores de Francés
21 de enero 2017
Representantes de las
distintas asociaciones que conforman la FEAPF se reúnen en Cuenca para debatir
y determinar las acciones que se van a tomar en relación a la modificación de
la normativa de las pruebas de acceso a la universidad que limitan la prueba de
idioma extranjero a la primera lengua cursada en 2º de Bachillerato, así como a
consensuar las reivindicaciones que se quieren aportar para el futuro Pacto de
Educación nacional
À Segovie:
Un grupo de
docentes se moviliza contra la retirada de Francés de la selectividad
Reclaman a la Consejería que dé valor al
segundo idioma y sea una opción para puntuar en la Evaluación de Bachillerato.
Et bien sûr à Salamanca:
Salamanca, en pie de guerra contra la retirada de Francés de la
Selectividad